Le symbolisme droite-gauche

24 février 2023

Cliquer sur les photos pour les agrandir

Introduction

Au Moyen Age, on retrouve dans l'iconographie la même idée : la droite est le chemin du salut alors que la gauche est celui de l'enfer. En d'autres termes, le côté droit est généralement considéré comme le "bon côté" et le côté gauche comme le "mauvais côté".
Dans mon enfance, surtout aux enterrements, on voyait encore une séparation des femmes et des hommes dans l'église.
Zola en atteste au XIXème dans sa nouvelle "Comment on meurt" de 1876.

"À l’église, la cérémonie dure près de deux heures. Tout le clergé est en l’air depuis le matin, on ne voit que des prêtres affairés courir en surplis, donner des ordres, s’éponger le front et se moucher avec des bruits retentissants. Au milieu de la nef tendue de noir, un catafalque flamboie. Enfin le cortège s’est casé, les femmes à gauche, les hommes à droite (…)".

Cette tradition était reprise dans le droit canon en 1917 mais fut abrogée en 1983.

L'exemple le plus fréquent est celui du Jugement montrant à droite du Christ les élus et sur sa gauche les damnés. L’enfer est toujours à gauche du Christ et le paradis à droite.

Le jugement dernier

Image Wikipedia

Sur le tympan à Notre-Dame de Paris, on voit bien cette dualité gauche-droite. Elle se retrouve dans toutes les églises de l'époque.

Amiens : vierges sages et vierges folles

Voir ICI

IMG_20211101_133349

Amiens : l'arbre et la cognée

A Amiens, sous les vierges sages et folles au niveau du portail central de la façade occidentale se trouvent l'arbre et la cognée.
A la droite du Christ, l'arbre chargé de fruits alors qu'à gauche, l'arbre sec est entamé par la cognée. A droite du Christ, la récompense, à sa gauche les châtiments.

Capture d’écran 2021-11-09 à 08

NOTRE-DAME DE PARIS (photos prises avant l'incendie).

On trouve souvent une double allégorie : l'Eglise et la Synagogue. L'Eglise a un aspect royal : la tête est droite et couronnée. Elle tient en main un sceptre. Le regard est droit.

La Synagogue représente l'aveuglement spirituel. elle a la tête penchée, les cheveux sont défaits et les yeux sont recouverts d'un bandeau. Elle tient une hampe brisée. Comme pour les vierges sages et folles, l'arbre et la cognée, leur localisation respecte le symbolisme droite-gauche.

A Paris, le bandeau est remplacé par un serpent.

La crucifixion

Sur cette peinture "Le Christ en croix et les deux larrons" de Hugo von Hohenlandenberg (1524), on retrouve ce symbolisme.

Image Wikipedia

Le bon larron sera à la droite du Christ et le mauvais à gauche. La Vierge, elle, sera à droite, ce qui fera que Jean se retrouvera à gauche, alors qu'il était le disciple bien-aimé. Desmas regarde le Christ, alors le mauvais larron a la tête penchée

Hortus Deliciarum (Le Jardin des délices)

Au XIIème siècle Herrade de Landsberg publie cette encyclopédie chrétienne où l'on peut voir cette illustration. Il résume à lui seul cette dualité.

Hortus deliciarum, le Jardin des Délices, est donc le titre d’un livre alsacien du Moyen Âge lié à deux références quasi inséparables, le Mont Sainte-Odile (le lieu de sa création) et Herrade de Landsberg (son auteur). Il décrit un paradis en devenir sur la terre, celui d’une communauté religieuse qui va vers le royaume de Dieu par l’ascèse et la méditation.
Cette miniature est tirée de l'Hortus deliciarum
L'iconographie chrétienne du moyen Age obéit à toute une série de règles et attache de l'importance à la place, l'ordonnance, la symétrie, le nombre. La droite est la place d’honneur. On lit en effet dans les Psaumes : “Adsilet regina a dextris tuis in vestitu deaurato”. Pareillement, le haut est considéré comme plus honorable que la place d’en bas.

L'Eglise et la Synagogue sont représentées sous la forme allégorique de deux personnages féminins, l'un triomphant, l'autre abattu. On reconnait à la droite du Christ :
l'Eglise triomphante. Elle tient le calice dans lequel le sang du Christ est recueilli et est assise sur un animal mythique, à quatre têtes avec les pieds qui correspondent à chacune de ces têtes. Cet animal (le tétramorphe) représente les 4 évangélistes. L'Eglise tient un étendard à hampe cruciforme tourné vers le Christ et une coupe pour recueillir le sang qui s'écoule de la plaie.
La Synagogue, assise avec beaucoup moins de majesté qu'Ecclésia, est juchée sur un âne au comportement rétif, animal qualifié de sot et vicieux, et dont le licol, par lequel il pouvait être guidé, gît à terre. La femme aveuglée par son voile, détourne la tête du Christ en croix, tient à la fois un couteau sacrificiel et un agneau. La bannière est tombée de ses mains et gît dans la poussière.

A droite du Christ (positif)